La présence féminine dans l’Ordre de Malte fut active dès les origines. Bien que concentrées autour de la vie contemplative à partir du XIIe siècle, les sœurs rattachées à l'Ordre ont continué à exister dans des structures indépendantes, notamment à Sigena et Malte. Aujourd’hui, les femmes ont retrouvé une pleine reconnaissance de leur statut et du rôle qu’elles ont à jouer au sein de l’Ordre.
• Une présence féminine dès l'origine
L’Ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, comptait à l’origine un monastère double à Jérusalem : un couvent d’hommes dédié à Sainte-Marie des Latins et un couvent de femmes sous le patronage de Sainte-Marie-Madeleine. Les deux étaient associés à un hospice fondé par des marchands amalfitains pour accueillir pèlerins et indigents. La partie féminine était dirigée par une abbesse nommée Agnese.
• Une évolution progressive du rôle des femmes vers la vie contemplative à partir du XIIème siècle
Au fil du temps, l’Ordre se structure et reçoit de nombreuses donations. Il comprend plusieurs catégories de membres, dont les sorores , ou sœurs. Cependant, à compter de la fin du XIIème siècle, alors que l'Ordre doit se militariser pour assurer la sécurité de ses hospices, les femmes mènent davantage une vie religieuse contemplative et leur mission dans les hospices tenus par l’Ordre disparaît .
• Expansion des couvents féminins en Europe
Au fil des siècles qui suivront, des couvents rattachés à l'Ordre apparaissent dans toute l’Europe : en Angleterre (Buckland), en Espagne (Sigena), en Italie (Pise), etc.
Ces institutions sont indépendantes des maisons masculines mais intégrées dans l'organisation territoriale de l’Ordre. Le couvent de Sigena, fondé par Sancha de Castille, reine d'Aragon, se distingue par son autonomie : la prieure y dirige aussi la commanderie masculine.
• Le modèle aristocratique de Sigena
Sigena devient un modèle aristocratique, réservé aux femmes issues de la noblesse du royaume d’Aragon. Le monastère accueille aussi des puellae, jeunes filles confiées dès l’enfance avec une dot, pour y être élevées. Ce monastère est touché au XIXe siècle par la desamortización (confiscation des biens de l'Église) et la guerre civile espagnole, mais une bulle papale permettra d’ouvrir ses portes à des femmes non nobles.
• Une histoire marquée par des figures de saintes et religieuses engagées
Portrait de Sainte Tuscana de Vérone :

Certaines femmes comme Sainte Fleur de Beaulieu ou Sainte Tuscana de Vérone deviennent des modèles de vertu et d’humilité. Ces exemples rappellent que, dès l’origine, des couvents rattachés à l'Ordre comptaient parmi leurs membres des sœurs issues de milieux aristocratiques.
- La présence féminine contemporaine
Bénévoles au pèlerinage de l'Ordre de Malte à Lourdes :

Aujourd'hui, les religieuses cloîtrées de Saint-Jean de Jérusalem vivent encore dans les monastères de Saint-Jean d’Acre, dans la région de Salinas de Añana et de Zamora en Espagne, et dans celui de Sainte-Ursule à Malte. Ces religieuses, restées sur l’île après l’expulsion des chevaliers par Napoléon en 1798, conservent les reliques du fondateur de l’Ordre, le bienheureux Gérard.
Les femmes sont intégrées dans l’Ordre de Malte en tant que Dames de l’Ordre, actives par la prière, le service des pauvres et des malades et l'exercice de leurs responsabilités dans la gouvernance de l'Ordre.
Grâce aux réformes constitutionnelles récentes, leur rôle est reconnu officiellement et elles disposent notamment du droit de vote pour l’élection du Grand Maître, scellant ainsi la reconnaissance de leur place dans l’Ordre.
En 2025, plus de 3 200 Dames sont actives dans l’Ordre de Malte, représentant près de 25 % des effectifs.
Le développement de leur rôle institutionnel se traduit notamment par les fonctions qu'elles occupent. C'est ainsi qu'à l'international, on peut citer Marie-Thérèse Pictet-Althann, ambassadrice de l’Ordre de Malte auprès de l’Office des Nations Unies à Vienne, où elle représente l’Ordre depuis 2005 , Michèle Bowe, ambassadrice, chef de la représentation de l’Ordre auprès de l’Autorité palestinienne à Bethléem depuis 2023 ou encore María Podestá, ambassadrice de l’Ordre souverain de Malte auprès de la République d’Argentine.
De nombreuses associations nationales sont présidées par des femmes comme Celestria Hales dans l’Association Britannique ou Aline Finat Riva pour l’Association Espagnole.
Intervention de S.E. l'Ambassadrice Marie-Thérèse Pictet-Althann sur le rapport annuel du Haut-Commissaire à la 59e session ordinaire du Conseil des droits de l'homme :
